Les geôles d'Ascalon (plusieurs épisodes)

L'action se passe au moment de la création de la guilde,

Il tâtait machinalement la cicatrice qui balafrait le haut de son épaule, les souvenirs remontaient à la surface, c'était il y a bien longtemps désormais, mais il n'oublierait jamais. Sa mémoire le transporta quelques années plus tôt...

Il marchait tranquillement au travers des ruelles de la ville, profitant des quelques heures, avant son rendez-vous avec Aislin et Slim pour flâner un peu.

Une jeune femme lui avait fait un beau sourire et cela le mettait de bonne humeur, il s'arrêta dans une échoppe pour faire aiguiser ses armes et leur redonner un peu d'éclat.

Tandis qu'il regardait l'artisan travailler, il entendit des cris dans la ruelle adjacente. Il tourna la tête et distingua deux silhouettes, puis dans un éclair, une lame courte fit son apparition. Il n'y eut pas de cris mais une des silhouette s'écroula.

Il retira l'arme des mains de l'affuteur et se dirigea rapidement vers le lieu de ce qui semblait bien être un guet-apens. En se rapprochant, il vit une forme humaine qui fouillait un corps inanimé sur le sol.

Totalement absorbée par sa fouille, l'assassin fut surprit par la voix dure

"Tu ferais mieux de ne pas faire de gestes que tu pourrais regretter..."

Mais à peine avait-il dit cela, que d'un bond l'assassin s'enfuit avec un rire sournois. Waldorf l'aurait bien poursuivi mais il devait vérifier auparavant le sort de l'infortuné qui gisait au sol.

Il lui tâta le pouls, malheureusement il était inerte, il chercha du regard l'assassin mais il avait disparu. Il se releva d'un bond mu par une soudaine appréhension. Il n'eut pas le temps de se retourner, un coup sourd lui fit perdre connaissance...

La brusque sensation de fraicheur lui fit reprendre connaissance. l'Oeil un peu vitreux et la langue pâteuse, il essaya de se relever, mais une bourrade le jeta au sol. Ses bras étaient entravés.

Une foule hurlante semblait lui en vouloir tandis que peu à peu sa vue lui revenait. Des gardes au couleurs du Roi Victor l'entouraient

"Alors mon gaillard, tu crois que tu peux trucider les gens comme ça, on va te montrer ce que nous faisons aux assassins, ca va pas trainer"

"Mais je n'ai tué personne.." il n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'un violent coup de pied le plaqua au sol

"Ah non !!!, tu es seul ici et ton épée porte encore des traces de sang"

Il avait laissé son épée à terre pour essayer de secourir le malheureux, le sang avait coulé et avait fini par souiller la lame.

"Tu as une sacrée veine que nous soyons la, la foule t'aurait lynché en un rien de temps, au moins avec nous il y aura du spectacle..."

"de quoi parlez vous, quel spectacle ?"

Les gardes rirent à gorges déployées

"mais celui de ton exécution mon ami...en attendant tu vas gouter aux joies de l'hospitalité des geôles d'Ascalon et gratuitement en plus. Vu que ta tête ne me revient pas je m'occuperais personnellement de toi. Allez vous autres, emmenez le !!!"

"Mais c'est une erreur, laissez moi vous expliquer !!!"

Les gardes l'empoignèrent et le trainèrent, traversant la foule hostile. Il se laissa faire, la moindre tentative se solderait par un lynchage en règle. Il fut jeté dans un cachot sans ménagement et le rire sadique qu'il entendit derrière la porte ne présageait rien de bon...

Le cachot était humide, crasseux, puant et peu éclairé. Je cherchais machinalement la pierre d’Avalon mais rien, les gardes l’avaient déjà fouillé et devaient déjà la jouer aux dés.

Je frappais les murs de rage quand une voix rauque se fit entendre

« Tu peux taper tant que tu veux, personne n’entendra et les murs ne sont pas près de tomber »

Je n’avais même pas remarqué que je n’étais pas seul, un visage émacié sortit de l’ombre et me dévisagea.

« Bienvenu dans l’antichambre de l’enfer mon gars, on n’y reste jamais longtemps… »

« Mais c’est une erreur, je le dirais au procès »

« le procès, quel procès ? tu rêves, les gardes s’amuseront avec toi et quand ils en auront assez ils te tueront ou bien ils t’exécuteront en place publique »

« Mes amis vont me rechercher, ils trouveront bien un moyen de me faire sortir »

« A moins qu’ils ne soient très hauts placés , ce dont je doute, ils ne pourront rien faire, tu es seul, enfin nous sommes seuls, j’étais aussi fringuant que toi en arrivant et regarde dans quel état je suis au bout de trois semaines !!»

Le malheureux sortit de l’ombre sous mon regard horrifié, il n’avait plus que la peau sur les os et de multiples cicatrices couvraient son corps, il lui manquait aussi quelques doigts qui visiblement avaient été coupés avec une lame peu aiguisée.

La porte du cachot portait l’effigie du roi Victor, comme pour bien montrer aux prisonniers qui était le maitre, si je devais mourir ce ne serait pas à genoux, autant mourir en combattant même si le combat était perdu d’avance, au moins cela serait rapide.

Je tournais en rond cherchant une solution, les gardes allaient surement revenir me chercher, ils n’allaient laisser s’abimer de la chair fraiche. L’effigie du roi Victor obnubilait mon esprit et je ne comprenais pas pourquoi, quand un éclair traversa mon esprit.

« Dis donc tu es déjà sorti de ce cachot, sommes nous loin de l’air libre ? »

« je ne peux pas te dire, nous sommes dans les souterrains et il ne
m’ont jamais remonté plus haut qu’ici. Mais attends, la semaine dernière, le précédent locataire est mort et ils sont venus le chercher, j’ai entendu les gardes raler parce qu’ils devaient l’emmener et l’un deux à dit : il m’énerve le chef à toujours vouloir les enterrer, ras le bol on a qu’à le balancer dans le puits, avec le courant il sera loin et les poissons s’occuperont bien de lui »

« Tu l’as déjà vu ce puits, il est ou par rapport à ce cachot ? »

« Je ne sais pas mais pas très loin, après la salle des gardes de ce souterrain, j’ai entendu le bruit du corps qui tombait… »

« Viens m’aider, j’ai besoin de toi… »

Je m’approchais avec mon compagnon d’infortune de l’effigie du roi Victor

« Regarde, ce morceau de bois à été rajouté, il devrait être cloué, mais on ne voit aucun clou, l’ébéniste à du faire cela à la va vite, il l’a certainement chevillé et emboité, aide moi, on va essayer de le faire bouger »

Après quelques minutes de va et vient, un léger grincement se fit entendre

« Ca bouge, ca bouge allez chacun de son coté et en cadence…allez !!! »

Les mains presque en sang, je m’acharne comme un forcené sur ce bout de bois récalcitrant et d’un seul coup je tombe à la renverse avec l’effigie du roi Victor dans mes mains. Je me précipite vers la porte mais ce que je craignais se vérifia

« Le trou ne traverse pas la porte, rien à faire... »

L’euphorie de cette petite victoire s’efface très vite mais prit d’une soudaine intuition je fouille toute la cellule sous l’air ahuri de mon codétenu.

Ma main fouille la paille qui nous sert de couchage et trouve enfin l’objet convoité. Une cheville d’un peu moins que la longueur d’une main mais surtout un bout légèrement effilé…

J’exulte intérieurement comme si je venais de découvrir le feu, je mourrais peut être, mais certainement pas tout seul.

« Dis moi l’ami tu ne m’as pas donné ton nom, moi je me nomme Waldorf »

« Moi c’est Antonin, tu crois que tu peux nous sortir de la ?, tu sais je ne suis pas bien vaillant mais quitte à mourir je préfère tenter ma chance »

« Ecoute Antonin, il faut nous préparer à la venue des gardes. Ils
viendront surement à trois, deux entreront dans la cellule pour venir
me prendre tandis que l’autre restera à l’extérieur pour surveiller... »

« Comment tu peux être sur de ça et… »

Je le coupais net, le temps pressait

« C’est la procédure normale, crois moi, et ils n’ont aucune raison de se méfier. Espérons juste que c’est bien moi qu’ils viennent chercher. Bon de toute façon nous n’avons pas le choix, alors voila ce que tu vas faire...»

J’entends les pas lourds des gardes qui approchent.

« Antonin, tiens toi prêt »

Je recule au fond du cachot en restant dans l’ombre, une sourde résolution monte en moi tandis que je me concentre sur les quelques instants à venir.

Antonin semblait fébrile, la peur l’envahit, je ne peux pas lui en vouloir, il n’est qu’un simple artisan qui n’a pas payé sa dime et toute forme de combat lui est étrangère. Mais sans lui je n'ai pratiquement aucune chance...

« Antonin…, Antonin, la peur n’évite pas le danger, laisse la t’envahir pour mieux la contrôler et faire d’elle une arme redoutable, j’ai peur moi aussi, tu es plus fort qu’elle, ce n’est qu’une vue de l’esprit, respire lentement et libère ta haine, tu verras elle sera plus forte que ta peur !!! »

Antonin respire plus lentement, il tient dans sa main, derrière son dos, l’effigie, en bois du Roi Victor, une bien piètre arme mais avec un peu de chance et la surprise aidant cela pourrait suffire. Le petit signe qu’il me fit me rassure...Antonin est prêt

La porte s’ouvre, trois gardes, l’un deux s’avance seul vers le fond du cachot.

# j’ai tout faux #

Antonin me regarde avec des yeux ronds ne sachant plus quoi faire,

#c’est la fin...#

Quand tout à coup, après quelques pas, le garde se retourne vers l’entrée :

« Eh dis, viens donc me filer un coup de main au lieu de parler des
dés, sa pierre vaut surement une fortune mais c’est le lieutenant qui
l’a maintenant et j’ai pas envie de m’prendre un mauvais coup ! »

Le deuxième garde, entre à regret dans le cachot rejoignant son congénère. Ils avancent avec un rictus sur les lèvres, pensant déjà à la petite séance qui m’attend.

Je plisse les yeux, je tends tous mes muscles, prêt à bondir dés qu’ils seront à ma portée. J’ai dans ma main la cheville que j’ai patiemment tenté d’aiguiser sur les pierres des murs du cachot, pas suffisamment à mon gout mais avais-je le choix !!

« Viens par la toi, nous oblige pas à venir te chercher ou tu vas encore plus le regretter !!! »

Je ne bronche pas

« Comme tu veux, on arrive, mais ça va être ta fête...!!! »
# T’as raison mon gros, ca va être ma fête mais pas dans le sens que tu crois ! #

Les deux gardes tentent de m’attraper les bras, je glisse sous eux et plante mon arme de fortune dans le cou du premier garde, un râle s’échappe de la bouche du garde tandis qu’il s’écroule au sol.

# vite ne pas laisser au second garde le temps de donner l’alarme.#

Surprit, celui-ci ne réalise pas tout de suite que son acolyte agonise en se noyant dans son propre sang. Je profite de ces quelques secondes de flottement pour retirer la cheville de la carotide du garde et me jette sur le second.

Nous roulons sur le sol du cachot donnant l’alerte au troisième garde qui dégaine son épée pour prêter mains fortes à son camarade, ignorant totalement la présence d’Antonin dans l’angle du cachot

Le garde est plus lourd que moi et il m’écrase de tout son poids. J’étouffe, je me débats et je fini par libérer le bras puis la main qui porte ce qui me tient lieu d’arme. Impossible d’atteindre son cou, il porte une minerve de guerre, dans un ultime effort, je donne un coup de rein qui déstabilise mon adversaire et sans hésiter je lui plante la cheville en bois dans l’œil gauche. Fou de douleur il s’écarte, je respire, mais un éclair de douleur traverse mon épaule...

Le dernier garde vient de me transpercer le haut de l'épaule avec son épée et si je n’avais pas donné ce coup de rein il aurait transpercé mon cœur.

# mais que fait Antonin...#


le garde porte son épée au dessus de sa tête pour m’achever, je tente de reculer mais le corps d’un des garde m’en empêche, la mort va suivre je n’en doute plus…

C’est ce moment que choisi Antonin pour son heure de gloire, il court vers le dernier garde, sortant de l’ombre comme un diable sort de sa boîte, le morceau de bois à l’effigie du roi Victor dans sa main. Il assène de toutes ses forces l’emblème sur la tête du garde. Antonin n’est pas très fort et son coup n’a pas la puissance nécessaire pour assommer le garde mais assez pour le désorienter quelques instants.

D’un revers de main en aveugle, le garde envoie rouler Antonin un peu plus loin, cela me laisse le temps de m’approcher, ne pas lui laisser d’espace pour qu’il ne puisse pas utiliser son épée, ce garde sait se battre il tente de s’écarter et tente d’appeler à l’aide mais il commet l’erreur de me redonner l’initiative…

Ma main remonte vers sa mâchoire, paume ouverte et je lui enfonce le palais, il n’alertera plus personne, la douleur est telle qu’il en a lâché son arme, je cherche un moyen de l’achever rapidement quand Antonin ramasse l’épée au sol et transperce le garde. La haine avait enfin prit le dessus sur sa peur et le rictus qui déformait le visage d’Antonin en était la preuve.

Antonin s’acharne comme un forcené sur les corps des gardes.

« Antonin…ANTONIN, arrêtes ca ne sert plus à rien, dépêche toi nous n’avons pas beaucoup de temps si on veut sortir d’ici »

Antonin me regarde d’un air bizarre mais fini par s’arrêter, tombant en pleurs à genoux

« C’est la première fois que je tue quelqu'un et je n’éprouve aucune honte...»

« On verra ça plus tard tu veux, allez prends donc... »

Une chainette au cou d’un des gardes vient d’attirer mon attention, il s’agit de la chaine qui portait la pierre d’Avalon que ces soudards m’avaient prise. La pierre et la chaine ont du être joués aux dés comme le disait un des gardes avant d’ouvrir le cachot. Ainsi le lieutenant qui voulait s’occuper de lui avait sa pierre, il ne devait pas être loin.

« ...Prends donc une épée et cette veste de cuir »

Je fais de même tout en récupérant la chainette. Je déchire un pan d'une chemise pour panser ma plaie

#Dépêche toi, ta blessure est importante et tu ne tiendras pas bien longtemps sans de meilleurs soins#

Nous sortons du cachot en ayant pris soin de camoufler les corps et les traces de lutte comme nous pouvions.

« Antonin...à droite ou à gauche ? »